Pour vous donner un aperçu de ce jeu d'écriture, voici quelques exemples de textes que j'ai écris.
Que dire (024)
Que dire quand on se parle à soi-même ?
Répondez à cette question en vous mettant à la place d’une girouette.
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Hou la la ! Qu’est-ce que je fais en haut de ce mât à tourner en rond au gré du vent ? Qu’il fasse chaud ou froid, qu’il neige, pleuve ou grêle, je subis toutes les intempéries, tous les temps pourris.
Je regarde dans une direction et hop, un coup de vent et me voilà toute retournée. Le vent me prend pour une girouette, quoique, girouette, je le suis, je ne peux pas lui en vouloir. Mais je finis par avoir la tête qui tourne.
Et puis, et puis, il y a le calme plat. Déprimant. Orientée pendant des heures, des jours, dans la même direction sans pouvoir se retourner. J’en attrape le torticolis que d’essayer de tourner la tête.
Le pire, c’est quand il y a une tempête. Le vent vient de tous les côtés en même temps et là, je perds vraiment les pédales. Ma flèche se retrouve parfois dans mes talons. Un véritable cauchemar.
Là, je ne cesse de râler, mais parfois une douce bise caresse mes flans. Quel bonheur. Je suis heureuse en ces moments. Je tourne lentement sur moi-même en contemplant le paysage tout autour de moi.
Et puis il y a les enfants. Quelle gentillesse ils dégagent et quel respect ! Ils ont même surnommé un de leur camarade « la Girouette ». Je ne sais pas pourquoi mais c’est tout à mon honneur.
Quand j’aperçois cet enfant surnommé « la Girouette », je suis fière d’être une girouette et rien au monde ne peut m’enlever cette joie.
La coccinelle et l’éléphant (030)
Une coccinelle et un éléphant se télescopent.
Rédigez le constat d’accident.
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Par une belle journée caniculaire, dans la jungle, terrible jungle, Lourdot l’éléphant déambule, insouciant, rêveur.
À un carrefour, arriva sur sa droite, Setpoin la coccinelle, à très vive allure.
Le choc fut inévitable, effroyable. Lourdot fut projeté à cinq mètres dans le fossé.
Très rapidement, les secours arrivèrent, précédés par Pimpon le perroquet et suivis par Branck et Quard les libellules brancardières.
La doctoresse Koukou la girafe réanima Lourdot qui fut transporté à l’hôpital par Branck et Quard.
Setpoin ne fut que légèrement blessée : une aile froissée et une antenne biscornue vite réparées sur place par Mécanic le rhinocéros mécano.
À l’hôpital, les médecins constatèrent plusieurs graves blessures à Lourdot : la trompe nouée, une défense arrachée, l’oreille droite déchiquetée, l’omoplate avant droite déplacée au niveau des genoux. Ils lui prescrivirent six mois d’ITT (incapacité temporaire de travail).
Suite à ce terrible accident, le tribunal condamna Setpoin à sept mois de suspension de permis de voler pour excès de vitesse et Lourdot à treize mois de suspension de déambuler dans l’insouciance et la rêverie pour refus de priorité.
Le verre à pied (139)
Un verre à pied part en voyage
Racontez.
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Un verre à pied déprime de rester enfermé dans un buffet et décide de partir en voyage. Il demande à ses camarades de l’aider à sortir du buffet. Ceux-ci si moquent de lui : « hé ! tu n’as qu’un pied, jusqu’où crois-tu aller ? ». Il leur répond : « Vous me cassez les pieds, je vais me débrouiller tout seul ! »
Il pousse alors la porte du buffet et se lance dans le vide et atterrit sans mal sur la moquette. Passe le chien : « Tiens ! Que fait ce verre à pied parterre ? ». Le verre lui répond : « J’en ai marre de rester ici, je veux voyager ! ». Le chien lui rétorque : « Avec un seul pied, tu ne vas pas aller bien loin. Si tu veux, je t’amène au fond du jardin. » « Ho oui ! d’accord ! Tu es un chic chien ! ». Et le chien prend délicatement le verre à pied et l’amène au fond du jardin. « Je ne peux pas t’amener plus loin, il y a une clôture. Par contre je peux te passer de l’autre côté par le portail dont les barreaux sont suffisamment écartés. » Le chien dépose le verre dans l’herbe de l’autre côté du portail. Le temps passe. La nuit vient. Un renard passant par là voit le verre : « Que fais-tu là ? Ce n’est pas la place d’un verre à pied ! ». Le verre lui explique son désir de voyager. Le renard lui propose : « Je vais t’amener au village et là, peut-être, trouveras-tu quelqu’un pour t’aider. » Sitôt dit, sitôt fait. Le renard dépose le verre sur un banc et s’en retourne à sa tanière.
Au lever du jour, une ombre s’approche du banc. C’est un mendiant. Il s’assied à côté du verre. « Que peut faire un verre à pied ici ? En plus, il est joli ! » Le verre ne sentant plus sa joie brille de tout son éclat. Le mendiant sort un vieux journal de son sac et en entoure délicatement le verre qu’il glisse dans son sac.
Ainsi le mendiant et le verre voyagent ensemble, le mendiant protégeant le verre à pied et le verre assouvissant la soif du mendiant.
La vegetara serpento (191)
Kiel la granda kaj terura gazelmanĝanta serpento, fariĝitis vegetara?
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En la ĝangalo, la terura ĝangalo, vivas la granda gazelmanĝanta serpento. Ĝi estis teruro, neniu kontraŭstaras ĝin, neniu.
Iun tagon, milda gazelo manĝas trankvile en la maldensejo, senzorge pri la danĝero en kiu ĝi estas. La granda kaj terura gazelmanĝanta serpento estas tie, rigardante, malsata. Rulite, ĝi pretas kapti ajnan beston, kiu preterpasas, eĉ elefanton. La gazelo, elektas sian herbon kaj gustumante ĝin, neeviteble alproksimiĝas al la predanto. Jen ĝi estas, malpli ol du metrojn de la serpento... kaj subite, rapide kiel fulmo, la granda kaj terura gazelmanĝanta serpento malstreĉiĝas kiel fonto, la buŝo larĝe malfermita, kaj englutas la dolĉan gazelon, la kapo unue.
Iom konfuzita de la ŝoko, la gazelo laŭte demandas, kio okazas. Voĉo el aliloke diris al ĝi: "He, mia dolĉa gazelo, mi estas la granda kaj terura gazelmanĝanta serpento, mi elektis vin por mia vespermanĝo."
La gazelo, rekonsciiĝinte kaj analizante la situacion, respondas: "Ĉu vi pensas, ke vi sukcesos ĉi tion? Mi estas kiel la kapro de sinjoro Seguin, mi rezistos kiel eble plej longe."
La granda kaj terura gazelmanĝanta serpento komencas moki: "Ĉiam parolu mia belulino, mi iras hejmen por vin trankvile digesti."
Dum la serpento kviete rampas reen al sia kaverno, la gazelo komencas maltrankviliĝi, ŝanceliĝi tra la tuta loko. La serpento, ĝenita de ĉi tiuj movoj plirapidigas la ritmon.
La gazelo tiom baraktas, ke siaj kornoj traboras la dorson de la serpento kaj malhelpas sian iradon. Ĝi daŭre batalas tiom, ke siaj piedoj traboras la haŭton de la ventro de la granda kaj terura gazelmanĝanta serpento. Kaj jen la serpento havas kvar piedojn. La gazelo komencas galopi, salti.
La granda kaj terura gazelmanĝanta serpento vidas la pejzaĝon antaŭeniri malantaŭen, saltante ĉiudirekten ĝis fine, kaptita de naŭzo, ĝi malplenigas sian stomakon.
La gazelo, sana kaj tre feliĉa retrovas siajn geamikojn. La granda kaj terura gazelmanĝanta serpento tiam ĵuras ne plu manĝi bestojn. De tiam la bestoj de la ĝangalo moknomis lin "la granda kaj terura serpento englutanta fruktojn kaj legomojn". |
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